Comme celle d'Angèle, d'où vient cette combinaison à lunes qu'on voit partout?
Toutes ces pièces sont signées d’une seule et même personne, la créatrice française Marine Serre. À mi-chemin entre le sportwear et l’image de marque, elles s’inscrivent dans “une mode durable à l’allure décontractée, forte d’un logo facilement identifiable, observe le magazine Numéro. Ce style hybride se retrouve parfaitement dans la musique pop d’aujourd’hui, mêlant au hip-hop une variété française recyclée.”
La lune, un symbole omniprésent
Le petit croissant ne vient pas de nulle part, il est un symbole pour la couturière. “On voit ce logo partout: une lune sur un vêtement vintage, [sur des bijoux] chez Claire’s, dans la [série japonaise de manga shōjo] “Sailor Moon”, et, bien sûr, dans les pays arabes, explique-t-elle dans les colonnes de Vogue. En cette période ultra logotypée, je me suis dit: je ne veux pas un logo avec mon nom, je veux quelque chose qui signifie plus. La lune est le symbole de la femme, alors j’ai pensé que ça ne pouvait pas être mieux.”
Bien connue dans le milieu de la mode, la couturière originaire de Corrèze est au centre de l’attention depuis son entrée au calendrier officiel de la Fashion Week de Paris, en février 2018. Lauréate du prix LVMH en 2017, Marine Serre se distingue par des créations atypiques sur fond d’univers apocalyptiques.
Des masques anti-pollution, la jeune femme en vend par exemple depuis maintenant près de deux ans. Une idée qu’elle a eue à vélo en se rendant au travail à Paris. “Je me sers de la mode pour parler de ce qui se passe dans le monde, plutôt que pour m’en échapper”, souffle-t-elle, toujours dans Vogue.
Une mode “plus” responsable
Soucieuse de l’environnement, elle s’est fait un nom dans le domaine de l’upcycling, cette démarche qui consiste à récupérer des tissus ou des vêtements déjà existants pour les valoriser et en faire de nouveaux habits de meilleure qualité. Une partie de ses collections suit ce modèle.
Proche du designer Dries Van Noten, elle a lancé avec le Belge, au mois de mai dernier, un manifeste appelant à une mode plus responsable. Le but? Produire moins et repenser les défilés. “Avoir 25 [semaines de la mode] par an n’a pas de sens”, a-t-elle indiqué à l’AFP. Pour elle, “deux collections dans une année, c’est déjà beaucoup créativement parlant”.
L’intérêt grandissant qu’ont les stars pour ses vêtements est enthousiasmant. “Beyoncé est une de nos clientes. Nous sommes de grands fans de son travail”, précise-t-elle dans l’édition britannique de Vogue. Les discussions autour des tenues pour son film “Black is King” ont démarré en 2019. ”[La] voir porter nos vêtements et savoir qu’elle se sent bien dedans me rend très heureuse”, ajoute-t-elle.
Quid des ventes?
Après la parution du long-métrage réalisé par Queen B, le moteur de recherches dédié à la mode Lyst indique que les requêtes pour “Marine Serre imprimé croissant de lune” ont bondi de 426% en seulement 48 heures. Sur Google, le nom de la marque a été consulté deux fois plus qu’en temps normal. Les recherches n’ont “d’ailleurs jamais été aussi hautes comparées aux années précédentes”, constate Marie Claire.
Les ventes semblent suivre. Au mois de juillet, Marine Serre a décroché le premier prix de l’Andam. D’une valeur de 200.000 euros, il est attribué à une structure ayant réalisé plus de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Signe d’un engouement certain, les copies vont bon train, comme en témoignent des contrefaçons du justaucorps vendues à 26 euros sur le site Wish. Alors que la crise sanitaire et économique actuelle pousse de nombreuses marques à revoir leur modèle, comme les enseignes de prêt-à-porter Gap et Célio en Europe, le croissant de lune de Marine Serre, lui, brille de jour comme de nuit.
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