La transformation à petits pas du Jeu-de-Paume, les "Champs-Élysées montpelliérains"
"Ici, c’est le boulevard des manifestations", fait remarquer, un peu agacée, Élisabeth Talhouët, la présidente des commerçants du boulevard du Jeu-de-Paume et gérante du magasin de vêtements et accessoires Paum’s.
Cinq ans après la mise en service du prolongement de la ligne 4 du tramway, via le boulevard Ledru-Rollin et le Peyrou, l’artère dite "Champs-Élysées montpelliérains" semble peiner à trouver sa vitesse de croisière.
"La municipalité et la préfecture répètent que nous ne faisons pas partie du centre-ville. Chaque samedi, nous avons droit aux défilés revendicatifs. C’est systématique, c’est une catastrophe", constate la commerçante.
Pour elle, le diable se cache aussi ailleurs : "Il manque des locomotives", sous-entendu des grandes marques. En 2013, Nespresso s’est installée. "Il y a aussi NorthFace, Majestic qui attirent. Mais il y a trop de tertiaires, de locaux vides."
Le long des deux boulevards, le constat est visible, une bonne douzaine de baux vacants, des rideaux de fer baissés, taches indélébiles. "La Serm, est trop exigeante pour les loyers. Il y a des locaux qui se louent 2 000 € par mois pour 30 m2. C’est beaucoup trop. Et les propriétaires privés sont trop exigeants. Monoprix devait s’installer, le projet a capoté."
Seule bonne nouvelle en cette fin d’année, l’ouverture d’un Mr. Bricolage. "C’est une bonne chose, avec les magasins éphémères."
La nouvelle tendance
Une nouvelle vague de commerces déferle, les concept store, lieux de convivialité et d’achats. Joséphine et Charlotte naviguent entre le bar et les portants de la boutique café Palma.
Le magasin propose du prêt-à-porter, épicerie fine, coin déco et un espace cosy pour boire un café et déguster quelques douceurs : " L’année a été difficile, mais nous constatons que les gens reprennent l’habitude de se balader, confient les vendeuses, nous avons une clientèle qui vient de l’Écusson. Oui, il y a l’effet concept store. " Manquent à l’appel quelques adresses culinaires.
" Nous avons la chance d’avoir l’Amazone Coffee juste à côté, cela attire. " Le café brunch du midi a trouvé sa clientèle "60 à 70 % de touristes ", commentent Nicolas et Charline, les gérants.
Proche de la place Edouard-Adam, le café est bien visible. " Il y a plus de monde depuis l’ouverture des halles Laissac." À l’opposé, côté Peyrou, tout en haut du boulevard Ledru-Rollin, Laurent, patron du concept snack-bar brocante, papeterie galerie Régal, commente : " C’était un défi, le flux commercial est plus bas sur le Jeu-de-Paume. J’ai réussi à fédérer une communauté."
Parmi cette dernière, des touristes, des étudiants étrangers. "Ils ont l’habitude de lieux comme cela. Je comprends que le concept soit difficile à appréhender. Mais je n’aurais pas pu tenir en mono magasin."
Pour Élisabeth Talhouët, les deux artères doivent évoluer : " Le commerce attire. Il faudrait un manager de centre-ville, comme cela existe ailleurs. Du visuel, de la visibilité. Que nous soyons intégrés dans les circuits touristiques."
Avec ses façades haussmanniennes, sa perspective jusqu’à la gare, l’artère est une des plus belles de la ville. Quelques guirlandes ont été installées sur les palmiers pour les fêtes de Noël. "Insuffisant", au dire des commerçants. Ils prévoient d’installer des sapins.