#Turboboularico2, Ayahuasca West Ovale Masqué décape la finale de Top 14 Toulouse-La Rochelle
Vendredi soir, c’était la finale du Top 14, avec une affiche plus qu’alléchante : le #Turboboularico2 entre le Stade Toulousain et La Rochelle !
À Hollywood, il y a généralement deux types de suite. Celles qui tentent d’approfondir ou de renouveler totalement le genre, qui restent assez rares. Et celles bien plus opportunistes, aux allures de bon gros copier-coller. Certes, on fait mine d’ajouter un peu de nouveautés : on change de lieu de tournage et deux trois acteurs au casting, mais globalement c’est la même chose.
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Et ben cette finale de Top 14, c’était un peu ça : la même chose que la finale de la Coupe d’Europe, avec quelques nouvelles têtes et, avec pour décor exotique, la Seine-Saint-Denis sous la pluie. Clairement, les scénaristes se sont pas fait chier : ok, on sait bien qui gagne toujours à la fin, mais quand même, essayez de créer un minimum de suspense. Là, on n’y a jamais cru. Ce film, on l’a déjà vu et revu, et on l’oubliera sans doute rapidement, en dehors de quelques scènes marquantes où on sent que le budget a été utilisé, comme sur la scène du drop de Cheslin Kolbe qui n’aurait jamais été possible sans effets spéciaux.
En vrai, si cette finale était un film, elle s’inscrirait dans toute cette vague de cinéma nostalgique essayant de retrouver le goût et la saveur des blockbusters des années 90. Tout était là : un Ugo Mola qui a totalement repris le rôle de son père spirituel, et qui pendant une semaine nous a ressorti le sermon du petit club malmené, à l’outsider en qui personne ne croit. Et un Stade Toulousain en mode finale qui, finalement, a toujours su gagner ces matchs de la même façon. Les relances, les croisées et les chisteras, c’est pour le folklore et impressionner les touristes. Quand ça compte vraiment, on ressort les chandelles, les drops, et une efficacité aussi glaciale que l’ambiance d’un repas de famille chez les Novès.
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La compo des champions
Le film du match
En 2018 et 2021, le Stade Rochelais a connu ses dépucelages en matière de finale. Mais une finale de Coupe d’Europe, ça n’a rien à voir avec une finale de Top 14. Ici, on est en France, et pour mettre en valeur notre terroir, on se dote d’un cérémonial digne des plus belles kermesses de village. Ça commence avec La Marseillaise, jouée au piano par un jeune prodige nommé Mourad – n’en déplaise à tous ceux qui espéraient ne plus jamais revoir un Mourad au Stade de France.
Puis ensuite, le président de la République vient saluer les joueurs. Imaginez un à quel point ça peut être déroutant : 2 minutes plus tôt, tu étais en train de mettre des coups de boule aux murs dans les douches, tu étais prêt à en découdre et à crever sur le terrain… et là il y a le Manu qui vient te demander si le petit dernier va bien et où t’as prévu de passer tes vacances cet été.
Après cette introduction interminable (et je m’y connais en la matière, dédicace aux lecteurs qui sont encore là), place au rugby. Thomas Ramos, qui évolue au poste de 10 en l’absence de Romain Ntamack, donne le coup d’envoi. Dès les premiers plaquages, on sent que la méthode Novès a porté ses fruits. Les premiers impacts sont rudes, les Rouge et Noir sont clairement les plus agressifs. En fait, on a presque l’impression qu’ils ont une revanche à prendre après s’être fait voler en finale de Champions Cup il y a un mois, alors qu’en réalité ça devrait être l’inverse. Il faut saluer Ugo Mola pour ce matrixage mental de très haute volée : c’est comme si les Toulousains s’étaient fait péter le bide lors du repas de Noël, et qu’ils étaient encore affamés le lendemain.
Logiquement, les Maritimes se mettent à la faute au niveau de la ligne médiane. Ramos la prend et annonce la couleur : n’importe quelle faute dans le camp rochelais et ce sera 3 points. Sur le renvoi qui suit, au tour des Toulousains d’être pénalisés. Ayahuasca West annonce lui aussi la couleur : jaune, celle des plus beaux craquages en finale de Top 14. Dans une bonne position, le Mao-roux rate l’occasion d’égaliser. Les Toulousains sont rapidement de retour dans le camp rochelais. On avance dans l’axe, on pénètre dans les 22m, et là, bim, la passe en retrait pour Ramos qui claque le drop. Oui, le drop, ce geste que plus personne ne tente en Top 14, à part Segonds et Wisniewski, ces ouvreurs anachroniques qui évoluent toujours à 50 m de la ligne d’avantage. Ça fait 6-0 pour les mangeurs de cassoulet.
On le sent, les fils spirituels du Père Fouras sont perturbés par cette entame toulousaine pleine d’agressivité et de maîtrise. Rhule balance une saucisse sur l’aile de Retière qui ne parvient pas à contrôler le ballon. Alldritt réalise le premier de ses 12 en-avant de la soirée. Sachant que je n’ai jamais vu cet homme rater un match dans sa carrière, c’est plutôt inquiétant. Pita Ahki découpe tout ce qui bouge et provoque de nouvelles pertes de balles.
Seul Kerr-Barlow réussit un peu à surnager et se procure une occasion d’essai sur le petit côté, mais Retière se fait pousser en touche. On notera la belle défense de Jean-Charles Maillard qui n’a pourtant jamais joué ailier de sa vie et qui a parfaitement géré le surnombre, preuve que c’est facile de défendre à ce poste et que Damian Penaud et Teddy Thomas ne font vraiment pas d’efforts.
Côté toulousain, c’est Cheslin-qui-n’a-pas-marqué-depuis-février Kolbe qui créé une frayeur avec une prise d’intervalle. Mais Doumayrou le Kolbe-killer parvient à l’arrêter avec un beau plaquage, comme lors de la finale de Champions Cup. Mauvaise nouvelle pour les Jaune et Noir cependant : Brice Dulin, le porte bonheur, l’homme qui a réussi l’exploit de gagner des Brennus avec Castres et le Racing 92, doit sortir pour une blessure à la main. Un vrai coup dur pour l’arrière, on espère que ça ne l’empêchera pas de visiter ses saunas favoris dans la capitale.
Pendant ce temps, Thomas Ramos continue de jouer comme un gars qui se serait enfilé le best of YouTube de Juan-Martin Hernandez 2007. Chandelles, occupation, touche trouvée dans les 22 adverses, le gars joue dans un fauteuil, avec un cigare aux lèvres et un verre de whisky à la main. Les avants font aussi leur boulot : un ballon porté rapporte une nouvelle pénalité. Ramos sanctionne, 9-0. Même quand ils ont de bonnes munitions, les hommes de Jono Gibbes n’en font rien : juste avant la pause, ils perdent un ballon en touche dans les 22 adverses. Les Toulousains réinvestissent rapidement le camp adverse. Et là on comprend que rien ne pourra leur arriver ce soir : servi en plein milieu du terrain, Kolbe ne sait pas trop quoi faire, alors il décide de taper un drop, pour le fun. Ce qui se déroule ensuite devant nos yeux est tout simplement surréaliste, je ne vois donc qu’une seule explication : une puce a été implantée dans le ballon du match, et celui-ci est piloté depuis l’espace par Thomas Pesquet. 12-0. À 16 contre 15, les Rochelais ne peuvent pas lutter, ils rentrent aux vestiaires avec le visage de ceux qui ont compris.
Remonter 12 points d’écart quand tu es incapable d’enchaîner plus de deux passes, c’est compliqué. Mais quand il pleut, ça devient carrément mission impossible. Là aussi, c’est probablement Thomas Pesquet qui a appuyé sur le bouton « pluie » de la station spatiale. Christophe Urios avait raison, on ne peut pas lutter contre le complot pro-toulousain. On ne peut pas lutter non plus contre le génie de la LNR qui, en guise de « halftimeshow », nous offre un concert des Black Eyed Peas en direct depuis un garage à Miami. Les gars n’ont fait aucun effort, ils sont en jogging, comme moi devant ma télé. Et en plus, il y a même pas Fergie, sans doute blessée. Peut-être que, comme on le fait à Toulouse, elle a été remplacée par une joker médicale argentine avec un nom improbable, genre Esmeralda Chocolatina. À ce moment je zappe sur Canal +, mais je tombe sur Sébastien Chabal qui tente de faire une analyse tactique. Finalement, elle est pas si mal cette reprise tecktonik de The time of my life.
On vient de passer un très mauvais moment, mais ce n’est pas fini car il reste 40 minutes de cette finale. Sur le coup d’envoi, les Maritimes montrent enfin un peu de combativité, avec une bonne séquence offensive récompensée par une pénalité. Cette fois, West la passe, 12-3. Mais l’éclaircie est de courte durée. Sous la pluie, le match se transforme en partie de tennis et entre Ramos et West, on a l’impression d’assister à un bon vieux Nadal vs Gasquet. Maladroit et peut-être un brin cramé après cette saison à 78 matchs, Alldritt est remplacé et laisse place à Victor Vito. Jerome Kaino fait également son entrée pour faire son jubilé, puis un autre dinosaure (au sens propre comme figuré) Tekori, puis enfin Médard qui rentre avec sa dégaine de cocker mouillé. Honnêtement, vu le rythme du match même Huget pourrait rentrer en béquilles que ça ne pénaliserait pas trop les Toulousains. Je ne vais pas vous faire le coup de tous les hipsters rugby qui vous sortent « hey regardez la finale de Premiership entre les Harlequins et Exeter, 11 essais ! », mais j’ai un peu envie.
Un essai, on passe quand même tout près d’en voir un sur une belle transversale de Ayanakamura West, mais Favre ne parvient pas à contrôler le ballon pour aplatir. L’arbitre revient à l’avantage, nouvelle pénalité pour West, mais nouvel échec. L’occasion pour les consultants de ressortir les poncifs « grands matchs grands buteurs blablabla ». Ronan O’Gara ne tarde pas à faire sortir son ouvreur. C’est donc Jules Plisson qui va incarner le dernier espoir des Rochelais d’avoir un 10 aux épaules solides et imperméable à la pression. Je vous laisse méditer sur cette phrase.
Après cette double occasion ratée, les vice-vice champions donnent le bâton pour se faire battre avec une sortie de camp mal maîtrisée qui offre une pénalité juste sous les poteaux aux Rouge et Noir. Ramos se montre aussi impitoyable qu’un CRS contre un amateur de teknival, 15-3. Puis 18-3 après une nouvelle faute des Rochelais sur un ballon porté. C’est plié. Jerome Kaino l’a bien compris et tente de sortir tel Pascal Papé, par la grande porte, avec un carton rouge. Mais son plaquage sur Lavault est jugé licite.
Les Maritimes profitent tout de même de la pénalité pour s’offrir un baroud d’honneur et hériter du bonus « valeureux comme des Italiens » en allant inscrire le seul essai du match sur ballon porté. Les Toulousains, eux, décident de chambrer. Mauvaka joue au pied et trouve presque une superbe touche dans les 22 mètres rochelais. Alexi Balès entre en jeu et passe tout près de planter un essai en finale de Top 14, ce qui aurait été l’insulte suprême. Mais Monsieur Raynal préfère mettre fin au sadisme des Toulousains. 18-8, 21e Bouclier de Brennus pour le plus grand club du monde libre et de ses alentours proches. À titre exceptionnel, célébration exceptionnelle pour tous les supporters toulousains : un petit McDo, une grande frite un coca zéro, puis dodo à 0h29 parce que demain faut se lever pour regarder le départ du Tour de France.
C’est donc ainsi que se termine la saison la plus étrange de l’histoire du rugby français, et ça en dit long vu le niveau habituel. Les Toulousains ont gagné le droit d’être insupportables pendant une année de plus, et là, ça va quand même faire 3 ANS. Mais en même temps, il n’y a pas grand-chose à dire. Les Rouge et Noir l’ont prouvé, le doublé n’est pas impossible, même au terme d’une saison interminable. Peut-être que tout le monde ne mesure pas encore le caractère exceptionnel de cette équipe, et que c’est seulement dans quelques années qu’on saura l’apprécier, un peu comme pour le RCT de la grande époque.
Pour les Rochelais, le pire débute maintenant. Il va falloir se fader la condescendance générale et les phrases de type « ah, quelle belle saison, vous méritiez mieux », « je suis sûr que vous reviendrez au Stade de France bientôt », « ce sera bientôt votre tour ! ». On appelle ça l’effet Clermont-Ferrand. Un coach néo-zélandais, un buteur de l’hémisphère sud au mental friable, la couleur jaune, le meilleur public de France… non, rassurez-vous, il n’y a pas tant de points communs que ça.
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De mon côté, la saison n’est pas encore tout à fait terminée : chez Actu Rugby, même les titulaires sont sélectionnés pour la tournée en Australie. Je vous retrouve donc rapidement par ici pour commenter les nouvelles aventures de la la bulle sanitaire du XV de France. On devrait encore bien s’amuser.
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