"Victor Home" baisse le rideau, une page se tourne…
Pour Nadia Gleizes-Raya, commerçante à Carcassonne "depuis de nombreuses décennies", comme elle aime le dire, l’heure est désormais à la retraite. Un sentiment partagé : "Un brin de tristesse", bien sûr pour celle qui, depuis près de 30 ans, s’investit intensément dans la vie commerçante carcassonnaise. Mais, mère de deux garçons, "ce sont eux qui m’ont incité à m’arrêter. Je crois même que ce sont eux qui ont décidé pour moi !", se remémore-t-elle.
Visionnaire, Nadia l’a été, sans nul doute. "Très jeune, alors que je faisais mes études dans une grande ville universitaire à Montpellier, j’ai observé un tournant concernant la décoration : les premières émissions de décoration arrivaient à la télévision, j’ai vu l’essor des premiers magazines de déco. J’étais jeune mais je l’ai senti", explique-t-elle. Il y a 40 ans, alors qu’elle travaillait au sein de la maison Ala – une institution carcassonnaise spécialisée dans l’art de la table et l’équipement de la maison – elle a décidé d’y apporter sa touche : la décoration. "Puis, en 2007, j’ai vraiment éprouvé le désir de voler de mes propres ailes. J’ai donc eu un premier magasin dans le centre-ville. Puis en 2011, encore une fois j’avais besoin de m’exprimer plus pleinement au niveau de la décoration, mon magasin devenait trop petit alors j’ai acheté ici, au 6 rue Victor Hugo. Voilà comment est né Victor Home !", explique-t-elle avec passion. Ici, dit-elle, "l’idée était de mélanger plusieurs univers" : des vêtements, mais aussi des objets de décoration en tout genre. "Mais encore une fois, lorsque j’étais étudiante à Montpellier, les premiers concepts store arrivaient, c’était aussi le cas à Toulouse. Alors je me suis dit pourquoi pas à Carcassonne, dans ma ville de cœur".
La retraite de Nadia marque la fin d’une affaire certes, mais c’est en aucun cas la fin d’un engagement qui lui, prend racine il y a 24 ans de ça. "J’ai en effet, dès 1998, désiré m’impliquer pour les commerces en centre-ville. Il y avait un problème de visibilité d’une part, mais aussi un manque de communication sur leurs actions. Alors j’ai eu envie de m’investir dans l’Union des commerçants, devenu plus tard l’office du commerce. J’en ai assuré la présidence pendant trois mandats successifs et nous avons été à l’initiative de nombreuses manifestations permettant de dynamiser le centre-ville. Je pense notamment à la semaine espagnole, crée en lien avec la Ville".
Tout n’a pas été simple avoue-t-elle. "Notamment le dossier sur la signalétique du cœur de ville". Au premier rang, derrière la vitrine de sa boutique du centre-ville, elle se remémore : "Des touristes passaient et ne savaient pas où était la Cité ou le musée. Il y avait un vrai besoin. Alors je le dis haut et fort, nous avons été à l’initiative de ce gros dossier concernant la signalétique". Et d’ajouter : "c’est comme la création d’une commission extra-municipale du commerce local, validée lors du dernier conseil municipal. Cela fait plus de 5 ans que nous en parlons. Les nouvelles formes de gestion des cœurs de ville échappent peut-être aux élus politiques, mais nous, nous avons une vision plus économique. Nous avions rencontré l’année dernière, avec l’ancien président de la CCI de l’Aude Jean Caizergues, le maire Gérard Larrat et nous lui avions soumis déjà cette idée de commission !", assure-t-elle.
"Mais ce que je retiens aujourd’hui, c’est avant tout l’immense joie de pouvoir me dire" j’ai servi à quelque chose ", avoue-t-elle. " Je peux dire que je porte un regard apaisé tout en ayant le sentiment d’avoir fait le maximum", conclut-elle. Quant au local de la rue Victor Hugo, Nadia préfère laisser place au suspens !