Sans bac ni formation, il créé sa marque de vêtements à Issoire pour prendre une revanche sur son handicap
Ce sont des troubles dysexécutifs. "C'est comme si tous les pupitres d'un orchestre fonctionnaient en même temps mais qu'il n'y avait pas de chef pour organiser tout ça", compare sa mère, Laure, salariée dans le domaine médico-social.
Du mal à accepter son handicap
Il a des difficulutés à prendre des initiatives, se concentrer ou mémoriser plusieurs informations simultanées.
"Ça n'a pas de répercussions physiques mais morales parce que c'est source de crises d'angoisse. J'ai eu du mal à l'accepter, d'autant plus que j'étais en pleine crise d'adolescence. Je me demandais pourquoi ça tombait sur moi."
Léo Forcolin (empty)
Aujourd'hui, il vit mieux son handicap et fait même des projets. "Je suis en train de créer ma marque de vêtements streetwear. Elle s'appellera Conspy", annonce-t-il. La réaction de ses parents ? "Comme quand votre enfant vous dit qu'il veut être acteur... Mon Dieu ! On se demande s'il va y parvenir et comment, répond Laure. Mais je reconnais que c'est la première fois que je le vois autant investi dans quelque chose et que ça tient aussi longtemps."
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Que des étudiants dans son équipe
Il faut dire que Léo fait des efforts pour que ça marche, après cette période où il a vécu "échecs sur échecs". En parlant de son idée sur la plateforme de streaming vidéo en ligne Twitch, cinq jeunes en cours de formation, installés aux quatre coins de la France, ont embarqué avec lui, il y a six mois.
Léo a imaginé certains modèles un peu « gores », comme il aime. (Photo David Allignon)
Ceux qui étudient le graphisme gèrent le design des produits. D'autres s'occupent de la communication, du site web... "Il est couillu quand même !", lâche sa mère, impressionnée par "ce truc qui lui sort des tripes".
C'est une aventure motivante dans laquelle il s'implique depuis un an.
J'ai eu des jobs étudiants mais je ne suis jamais allé au bout. C'était trop compliqué avec mon handicap. Finalement, être mon propre patron est ce qui me convient le mieux.
Ses premiers t-shirts ont été livrés de Montpellier, où ils sont imprimés, début avril. Pour l'instant, l'équipe a prévu un échantillon de 20 exemplaires "pour voir ce que ça donne". Moins de dix produits différents ont été imaginés, tous unisexes et quelques-uns "politiquement inccorects" parce que Léo aime "titiller les gens".
Prouver que c'est possible
Avant de pouvoir les mettre en vente, Léo Forcolin doit finaliser la création administrative de son entreprise. Probablement l'étape la plus compliquée pour l'Issoirien qui ne trouve pas l'aide nécessaire dans ces démarches. Si un jour il parvient à mettre suffisamment d'argent de côté, le jeune entrepreneur souhaite acheter le matériel pour faire les impressions lui-même, à Issoire.
"Quand j'ai parlé de ce projet, on m'a souvent dit : "Mais tu n'as pas fait d'études de commerce !" ou "Ça ne marchera pas". J'aimerais bien faire fermer ces bouches. C'est sûr que si tu n'essayes pas, tu ne peux pas y arriver."
Léo Forcolin (empty)
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Lisa Douard